Coup de gueule de Patrick Savatier

Article et Photo de CLICANOO.RE publié le 17 avril 2010

Moman papa lé là arrête les frais

Coup de gueule de Patrick Savatier qui menace de ne plus répondre aux demandes de colis alimentaires émanant de Saint-André. En cause : l’augmentation de 240 000 euros du budget du CCAS, alors que l’association dit toujours attendre de la mairie un local pour stocker ses denrées et autres meubles.

L’annonce tient en quelques lignes : “Toutes demandes de colis alimentaires ou autres colis émanant de saint-andréens doivent se faire auprès du CCAS dont le budget vient de se faire augmenter de 242 000 euros pour ce faire (...) Nous sommes désolés, mais nous sommes contraints à prendre ces mesures par manque de soutien sérieux”. La réaction de Moman papa lé là au vote la veille par la majorité d’une enveloppe supplémentaire au centre communal d’action sociale. “Alors que le CCAS nous demande quasi quotidiennement s’il peut nous envoyer quelqu’un, cela à un coût”, dénonce Patrick Savatier. En parlant d’un engagement pris par le maire, Eric Fruteau, en faveur de sa principale demande : la mise à disposition d’un local pour stocker ses denrées alimentaires et autres meubles qui lui sont offerts par des particuliers et entreprises.

Un départ pour Saint-Pierre ?

“L’engagement a été pris il y a un an dans son bureau et au micro devant des milliers de personnes lors d’une distribution”, poursuit-il. Pour rappel, l’association se retrouve sans dépôt depuis l’obligation qui lui a été faite de quitter le gymnase de la Cressonnière qu’elle “squattait” jusqu’alors. “Depuis, nous sommes obligés de refuser des dons, alors que la demande est là. Nous ne demandons rien à la mairie, je parle d’un accompagnement logique. Nous sommes installés ici depuis douze ans. Chaque jour, on vient nous voir pour tout et pour rien, nous faisons partie du maillage citoyen”. L’actuelle majorité lui a pourtant accordé une subvention de 25 000 euros pour assurer le fonctionnement d’un potager bio solidaire et d’une exploitation lombricole (nos éditions précédentes). “Mais, sur 210 000 euros de budget en 2009 sortis de notre poche, ça veut dire quoi ?”, rétorque le président. “Nous avions demandé une subvention exceptionnelle de 10 000 euros le temps de solliciter la Région pour des locaux et des formations. Le reste, nous continuerons avec des bouts de ficelles”. Et de poursuivre : “Désormais, pour les colis alimentaires, à la population de demander des comptes à la mairie, à elle d’agrandir ses murs. Les colis sont au CCAS. Je tiens à préciser que je n’ai rien contre Eric Fruteau, j’avais même appelé à voter pour lui”. Patrick Savatier affirme ne pas avoir les prochaines cantonales en tête “à moins que le besoin de passer le pas s’impose”. Il dénonce au passage un ton “arrogant” de la part de la municipalité et tout particulièrement du cabinet, “qui ne nous a jamais pris au sérieux”. L’association évoque des propositions de Saint-Pierre et de la Plaine-des-Palmistes pour des locaux. De là à quitter Saint-André... Une affaire à suivre

P.M.

Un dépôt de fortune L’association peut témoigner quotidiennement de la solidarité des réunionnais, particuliers et entreprises, qui lui font des dons quotidiennement de toute sorte pour que ces derniers soient ensuite redistribués aux plus nécessiteux. Hier, c’est une livraison de ciment qui a été offerte, ainsi que plusieurs conteneurs d’aliments, un magasin promet trois conteneurs de meubles... Pour stocker ces biens, l’association loue une maison pour 500 euros par mois. Une surface de 100m2, contre environ 900 auparavant. La place vient déjà à manquer. Certains produits sont stockés chez les bénévoles. L’association compte 20 salariés, 4 739 adhérents. Elle a distribué 78 000 colis alimentaires en 2009.

“Ce n’est pas la seule association” “Nos réponses sont claires, ce sont eux qui interprètent”, répond le directeur de cabinet d’Eric Fruteau, Patrice Boyer. “Il n’a jamais été question de ne pas donner de locaux. Nous faisons actuellement l’inventaire des possibilités sur la commune pour d’abord déménager des services de la mairie qui sont à l’étroit. Ils nous mettent le couteau sur la gorge, nous leur demandons de patienter. Avec cette mise à disposition de locaux, ce sera un effort supplémentaire de la mairie qui est déjà conséquent avec la multiplication par cinq de la subvention allouée à Moman papa lé là”. Il réfute toute idée d’une “reprise en main” du social par la mairie. “La hausse du budget du CCAS est liée à la précarité sociale avec une hausse de 65% du chômage en 2009. Nous devons répondre. Moman papa lé là n’est pas la seule association de Saint-André. Elle touche d’ailleurs déjà une subvention du département pour l’accueil d’urgence”.